" Shadow Dancer "

Un film sur la guerre IRA - MI5 : « Shadow Dancer » de James Marsh.
3ème long métrage de ce réalisateur britannique, il est également connu comme documentariste. Mais la seule chose que je connais de lui est l’épisode télévisuel « The Red Riding trilogy – 1980 » (le second de cette trilogie sur la traque d’un tueur en série sur plus de 20 ans) ; trilogie qui est passée sur Arte il y a quelques mois.
Le film est l’adaptation du livre éponyme de Tom Bradby, publié dans les années 90 alors qu’il était correspondant de guerre pour la télévision en Irlande du Nord.

1993, Collette, jeune veuve, est une républicaine, vivant à Belfast, avec sa mère et ses frères, de fervents activistes de l’IRA. Suite à son arrestation après un attentat avorté au coeur de Londres, Mac, un agent secret du MI5, lui offre le choix : passer 25 années en prison et ainsi perdre ce qu’elle a de plus cher, son fils, ou espionner sa propre famille.
Elle décide de faire confiance à Mac, et retourne parmi les siens…

Un portrait sans concession de l’Irlande catho, des méthodes de l’IRA mais aussi de celles des services secrets anglais.
Ambiance très différente d’un joli pays celtique, on se croirait plus dans un pays d’Europe de l’Est ou en URSS (ville grise, cloîtrée, présence policière menaçante) : bref, on est dans un pays en guerre et occupé.
Que cela soit dans les 2 camps, ce n’est que suspicion, malaise, position bien coincée sur son petit cul : on va difficilement faire son choix, chaque camps étant dégueu à souhait.
Des personnages vont émerger pour cette histoire : ce Mac, plutôt humain et dépassé par les enjeux (on est à un moment crucial où les perspectives de paix sont possibles pour chaque camps, ce qui ne plaît pas à beaucoup, la guerre est toujours plus rentable au final) et puis cette Collette (dont la violence incarne sa vie, voir son enfance au générique) portant très souvent du rouge, la seule couleur « vivante » de ce film mais aussi celle de la mort.
Des histoires de famille abominables qui vont s’éclaircir tout en étant d’une cruauté sans nom.
Des thématiques fortes mais une ambiance filmique fort froide qui nous met, spectateurs, un peu en marge.

C’est gris, l’Irlande. Le filmage est calme, on sent une tension psychologique, lourde, pas très agréable. Rien ou presque n’éclate (une seule exécution qui vire différemment), on est loin d’un 007. Tout est souterrain, dans la stratégie, dans la petitesse humaine.

Des acteurs du cru et 2 vedettes. Clive Owens est la première, incarne évidemment cet agent du MI5 avec la sobriété et le professionnalisme ainsi que la chaleur naturelle qui l’habite. Gillian Anderson (Dana Scully herself) est la supérieure de Clive (toute aussi suspecte que le autres).
La révélation parce que je l’ai peut-être déjà vue mais pas remarquée est donc la femme incarnant Collette, Andrea Riseborough, actrice irlandaise (elle connaît donc bien le contexte), qu’on a vu dans « Be Happy » de Mike Leigh, dans « We want sex equality » de Nigel Cole, très remarqué parait-il dans « Brighton rock » de Rowan Joffe, elle est aussi un personnage central dans le nouveau film réalisé par Madonna (« W.e. – Wallis et Edouard » qui devrait sortir ou pas…). De grands yeux bleux délavés, une coiffure très années 50, cet imperméable rouge, elle est une image très intrigante dans le film et on sent autant de faiblesse que de force dans son personnage.

Moins fort que la série anglaise « MI-5 » qui a eu ses épisodes sur l’IRA, ce film est plus dans la prospection du système IRA mais sa froideur extrême est un frein à mon sens pour sa réception. Et c’est dommage vu que la fin montre un système écrasant les personnes comme jamais et c’est les meilleurs qui partent en premier évidemment.
Pas beaux les amoureux de Dieu (pourtant le même des 2 camps et si on leur avait dit qu’il n’existait même pas ce Dieu tout puissant…).
Bon film !!!