"Kick Ass"

Un film de Super Héros : « Kick Ass » (je ne traduirais pas…) de Matthew Vaughn.
Producteur anglais des premiers films de Guy Ritchie comme « Arnaques, crimes et botaniques » et « Snatch » (je ne suis vraiment pas fan de ce clone petit format de Tarentino), il se met à la réalisation avec une authenticité plus marquée que son poulain (qui s’enfonce de plus en plus et c’est pas plus mal) avec un premier film donnant naissance à Daniel Craig, « Layer Cake » (un polar intéressant) puis « Stardust le mystère de l’Etoile » d’après un livre de Neil Gaiman (que j’ai pas vu mais qui est pas mal paraît-il même si imparfait).
Le film est l’adaptation d’une BD plutôt récente (la production du film commençait alors que le numéro 1 n’était pas sorti et nous devons être dans la dizaine d’épisodes maintenant) de Mark Millar et de John Romita Jr.
Mark, scénariste anglais génial à l’image d’un Alan Moore, qui a travaillé sur les X-men, les Vengeurs nouvelle formule (Les Ultimates) et d’autres séries avec un esprit mal placé et une ultraviolence pas toujours appréciée. Il a alors produit des BD en indépendant comme « Wanted » (devenu aussi un film un peu n’importe quoi mais divertissant) et « Kick Ass ».
Quand à John, c’est un dessinateur prolifique à l’image d’un Georges Perez : il peut dessiner plusieurs séries mensuelles : une gageure.

Dave est un ados normal. Il se pose une question essentielle : pourquoi personne ne se déguise en super-héros ? Je vous le demande.
Et bien, il va essayer et vous en vous doutez, il va se faire dérouiller. Normal : pas de super-pouvoir. Et Batman alors ? Lui a un entraînement, des moyens financiers et puis c’est un dingue.
Va-t-il réessayer ? Vaudrait mieux sinon pas de film…
Ce n’est pas le costume qui fait le super-héros mais sa motivation et notre ami va découvrir ce qu’est vraiment le monde des super-héros en rencontrant Big Daddy et Hit Girl en lutte contre un parrain.

Un film fait par un Geek (amateur un peu forcené de SF, fantastique, gore, trash, porno, internet et autres bordels déviants – jeune ou pas ; adulescent absolument) pour les geeks ? Public difficile à satisfaire : j’avais donc des inquiétudes.
Le sujet étant aussi une relecture du mythe du super-héros : critique ? Mise en abîme ? Parodie ? Sujet casse-gueule.
Mais au final : une oeuvre intelligente, sensible, drôle aussi, excitante et provocatrice à l’image de l’auteur Mark Millar qui s’il a été parfois trahi ; il le dit clairement en disant que le film est fait pour les gonzesses ; l’œuvre originale doit être sacrément trash car le résultat filmique est quand même assez inédit.
Une relecture du mythe de Spiderman et du couple Batman-Robin ; une explication du mythe super-héros comme « Incassable » de Night Shyamalan qui se voulait universelle : ici, Matthew veut faire un film de super-héros moderne, d’ici et de maintenant car il ne voit que des adaptations de super-héros qui ont presque un siècle pour certains (c’est pas faux et le monstre « Advengers » qui s’annonce pour 2011 (le film réunissant plusieurs super-héros de la maison Marvel) va parler d’une histoire qui a été écrite en 1963).
En même temps, le mythe du super-héros se veut universel.
L’actualiser ; comment ?
Le rendre réaliste : le maître mot depuis les « X-men » mais voilà les super-héros réellement n’existent pas (ou se cache super bien : c’est peut-être leur pouvoir) et Matthew va utiliser cette idée ; si les super-pouvoirs n’existent pas, l’attitude peut exister elle.
D’où la relecture du mythe de Spiderman avec l’ados boutonneux, timide, mal dans sa peau, geek comme tous les ados (une normalisation pas sûr) qui va se rendre compte de la portée idéologique d’un tel combat. C’est la thèse généreuse.
Le film serait vraiment raté si on n’avait que cette thèse : cela voudrait dire qu’on veut être héros pour aider les autres (idée totalement débile dans notre monde individualiste et décérébré).

La bonne idée est qu’une seconde thèse va entrer en conflit : celle du traumatisme à la Batman avec le duo de justiciers vengeurs, ultra-violents qui renvoie le mythe vers le surhomme de Nietzsche. A mon sens la seule explication valable pour la naissance d’un héros ou d’un super-héros.
Et notre duo est une relecture du Batman et Robin avec Big Daddy habillé un peu comme Batman et aussi halluciné que le Dark Knight. Un Papa dingue engagé dans une quête destructrice qui éduque sa seule enfant pour la lutte contre le crime avec un seul mot : dent pour dent. Thèse qui a eu du mal à passer pour les studios d’où la nécessité pour le film d’être indépendant. La fille symbolise donc Robin qui était aussi un gamin que Batman éduqua à la dure mais le meurtre n’a jamais fait parti du mythe en BD (contrairement à la version Ciné). La relation est assez proche (même si on voyait plus une relation équivoque entre Bruce et Dick ; l’anime met plus en exergue ce côté paternel avec d’ailleurs le conflit un certain moment qui donnera lieu à la démission de Robin). Là nous avons une jeune fille de 11 ans habillé un peu comme une Batgirl et qui défonce, enfonce, dépèce, écorche, flingue à tout va. Et c’est vrai que c’est assez rare dans notre cinéma « sage ».

Je ne vous indique pas les différents enjeux de cette histoire, autant les découvrir par vous-même mais la force émotionnelle augmente au fur et à mesure sans jamais se parodier et pour cela ouf !!!

Visuellement, bien filmé, bien monté (les scènes de combat sont un plaisir d’autant qu’elles ne sont pas si nombreuses) ; des idées folles (les origines du duo sombre racontées en BD animée).

Cela fonctionne aussi de par ses acteurs : le héros Kick Ass est joué par un jeune qui a déjà une carrière mais que je n’avais jamais vu personnellement, du nom de Aaron Johnson, vu dans « Shanghaï Kid 2 », « L’illusionniste » (que j’avais vu mais..). C’est Peter Parker, il est bien gentil, il joue bien mais le personnage n’est pas mon préféré ; j’ai toujours eu une préférence pour les dingues ; en fait j’aime surtout les super-vilains (c’est normal docteur ??? et j’en ai même joué… c’est pour ça que je jouais toujours des assassins dans les Donjons et Dragons… oui, j’étais vraiment mauvais quand je jouais les guérisseurs, ça vient de là, je comprends tout).
Le Big Daddy est joué par le plus grand fan de super-héros qui existe, monsieur Nicolas Cage qui avait rêvé d’être Superman (son fils s’appelle Kal-El… véridique) et n’a joué que « Ghost Rider » (déception donc), le voilà en clone habité de Batman, il devait se payer une gaule pas possible en plus il s’amuse à jouer un peu comme Adam West (interprète célèbre de la série « Batman » des années 60) mais cela s’efface un peu dans la version française.
La révélation ultime et en même tant ambiguë est donc Hit Girl, joué par une jeune actrice de 13 ans, Chloe Grace Moretz, déjà bien surbookée mais pas encore remarquée (dans les « Desperate Housewives », dans « Amityville » et dans le prochain Scorsese). Elle est à surveiller absolument tant son jeu est incroyable, on parle d’elle comme Jodie Foster, Natalie Portman, les acteurs étaient éberlués par la puissance de son jeu.

Un film surprenant qui appelle une suite (voir la fin et puis les BD…), décomplexé, ultra-violent (cela surpasse les « Watchmen ») donc jouissif pour nous les geeks. Et je vous dis pas le culte sur Hit girl qui va naître.
Bon film !!