" Le grand soir "

Le nouveau film du duo Delepine-Kervern : « Le grand soir ».
Cinquième film de notre duo grolandais avec les mêmes qualités que d’habitude et les mêmes scories.
5ème participation à Cannes dans la section Un Certain Regard (même si Notre duo aurait bien voulu participer à la vraie compétition ; mais on ne mélange pas les friqués et les bouseux) ; par contre, ils nous sont revenus avec 2 prix (comme quoi) : Prix Spécial du jury et mention spéciale de la Palm Dog.

Les Bonzini tiennent le restaurant 'la Pataterie' dans une zone commerciale.
Leur fils ainé, Not, est le plus vieux punk à chien d'Europe.
Son frère, Jean Pierre, est vendeur dans un magasin de literie.
Quand Jean Pierre est licencié, les deux frères se retrouvent.
Le Grand Soir c'est l'histoire d'une famille qui décide de faire la révolution ... à sa manière.

Un sujet toujours proche de leur préoccupation : comédie et exploration d’une certaine marginalité. Et face à ça, les grandes zones commerciales {type Chambray mais ici Bègle grâce à l’aval de son maire Noël Mamère, le plus punk des hommes politiques (pas sûr du tout}. Le vrai héros n’est pas le punk qui est plus le révélateur de tout le malaise et qui a trouvé sa liberté, sa fonction au milieu de ce chaos. Par contre son frère est le vrai héros, c’est l’homme normal qui sombre et qui va être sauvé par son frère avec qui d’ailleurs il ne s’entendait pas. Bref, une belle histoire. Trop belle. On attend cette explosion, ce fameux grand soir. Mais les auteurs le savent aussi, il ne viendra jamais. Certes je vous ai donné un élément essentiel du film (d’où une certaine frustration) mais les auteurs pensent que chacun doit réussir sa révolution ce que Jean Pierre va réussir.
Comme d’habitude, une comédie originale, décalée, des gags visuels et de situation avec évidemment des personnages truculents : le chien du punk (qui est le vrai chien de Poelvoorde ; c’est le chien qui est le plus punk de tous, il a mordu tout le monde, il lèche le vomi, un salopard de clebs quoi) ; la mère des 2 frères (Madame Brigitte Fontaine, bien déjantée) ; des figurants engagés pour le verve.
Et puis de l’émotion : celle de ce vieux punk qui lance son message de douleur au micro de l’accueil d’un Carrefour. Ça c’est beau (d’autant que trouver de l’émotion à Carrefour, faut chercher c’est comme leur putain de réseau wifi qui merde constamment ; chiez !!!! Je veux faire mes étiquettes, bordel !!!!!!!!!!).

Et je me répète malgré tous leurs dires : leurs films sont réellement bien faits au niveau de la mise en scène ; bien supérieur à toutes les comédies françaises.
Ils utilisent comme des dingues les caméras de surveillance de Carrefour pour faire du pur montage de séquences comiques. Et puis un travelling de dingue pour suivre nos doux punks qui décident de passer dans un quartier résidentiel en allant tout droit : tellement simple et drôle.

Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel ensemble, c’est une première et le duo fonctionne car ils sont réellement différents et semblables. Benoît est bien plus sobre qu’on ne pourrait penser même s’il a des séquences de défoulement. Des apparitions : Depardieu, Bouli Lanners, Yolande Moreau, Denis Barthes (le batteur de Noir Désir).
Les Wampas en concert car la musique est forcément présente avec donc notre Didier Wampas himself (bientôt en concert chez nous en Juillet), Brigitte Fontaine seule et avec Noir Désir, Les Garçons Bouchers avec un Hymne un peu en décalage dans un mariage.

Tout ça ne fait pas le film explosif qui devait nous sauter à la tronche mais voilà, notre duo de réalisateurs sans doute punk à une époque s’est embourgeoisé tout en ayant encore une petite âme d’enfants bien destroy.
C’est marrant très souvent ; parfois émouvant ; un peu frustrant à la fin. Pas grave en soi.

Bon film !!!